(Publié
le 23 Novembre 2007)
Jane Austen, Northanger Abbey, 10/18.
Catherine Morland se rend à Bath, ville balnéaire très en vogue et
haut lieu de sociabilité, avec des amis de ses parents. Là, Elle se
lie avec Isabelle Thorpe, (de ces amitiés toute féminine que décrit Jane
Austen...) mais aussi et surtout avec Henry Tilney dont Catherine tombe
rapidement amoureuse.
J'avais lu Emma et j'avais aimé cette ambiance, ces
descriptions, la tendresse ou l'ironie avec laquelle Jane Austen fait le
portrait de ses personnages et évoque son époque. J'ai retrouvé un charme
similaire dans Northanger Abbey. Les descriptions de l'abbaye sont très
visuelles, très belles ; les sensations du lecteur sont renforcées par le
regard (et l'imagination !) de l'héroïne. Catherine Morland n'est ni très
intelligente, ni particulièrement intéressante, mais Jane Austen la rend très
attachante, notamment grâce à une narration qui met le lecteur dans une
position de spectateur complice.
Malgré tout, l'aspect "sentimental " n'est pas ce qui me
touche le plus ; j'apprécie surtout les portraits de Jane Austen, sa
description des liens sociaux, et dans Northanger Abbey, ces nombreuses
références à la littérature et aux romans anglais gothiques. D'une plume
parodique ou satyrique, mais toujours subtile, Jane Austen sait mettre l'accent
sur les contradictions. (Mais je n'en ai sûrement pas saisi toute l'ampleur,
car je reconnais que j'ai passé plus de temps avec les écrivains français des
XVIIIe et XIXe siècles qu'avec les écrivains anglais de la même époque).
Je retiens également une référence à l'histoire. Miss Morland : "Je suis ravie que des gens aiment lire des
livres d'Histoire. Je voyais comme un sort bien cruel celui de ces hommes qui
s'épuisent à remplir des volumes sur lesquels personne, croyais-je, n'irait
jamais jeter un regard sans y être forcé et qui ne travaillent que pour le
tourment des petits garçons et des petites filles. Je sais bien que tout cela
est juste et nécessaire, mais je me suis souvent étonnée du courage de ceux qui
pouvaient se livrer à une activité pareille
- Que l'on tourmente petits
garçons et petites filles, dit Henry, personne connaissant la nature humaine ne
pourrait le nier, mais je dois vous faire remarquer, pour défendre nos
historiens les plus distingués, qu'on ne leur rendrait pas justice en supposant
qu'ils n'ont pas un objectif plus noble."
Je m'arrête là dans cette citation déjà longue, même si la suite, sur
l'opposition entre "instruire" et "tourmenter", est
également intéressante. J'ai fait des études d'histoire, ce passage me touche,
naturellement.
Une précision qu'Isil a relevée et qui complète les remarques
précédentes...
Isil écrit:
"J'adore effectivement ce passage sur l'histoire et surtout le moment où
Catherine trouve que l'histoire est trop remplie d'hommes qui ne sont bons à
rien (il faudra que je retrouve ce passage pour le citer correctement). J'ai
beau m'intéresser à l'histoire, je dois avouer que je suis un peu d'accord avec
elle."
Le passage en question : "J'en ai lu un peu parce qu'il le
fallait, mais ce que l'on raconte dans ces ouvrages ne fait que m'irriter
ou m'ennuyer. Les querelles des papes et des rois, les guerres ou les épidémies
de peste à chaque page, les hommes qui ne sont bons à rien, presque jamais de
femmes. Tout cela est bien fatigant."
Bon, il y aurait en effet beaucoup à dire, car l'étude de l'histoire a
changé depuis l'époque de Jane Austen. Des historiens se sont intéressés aux
femmes... et même aux enfants !
L'avis Yueyin sur
Northanger Abbey.
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