Ce petit recueil regroupe six nouvelles, extraites de Mémoires secrètes d’une
poupée (Gallimard, L’imaginaire, 1993, 1ère édition, 1987).
Un musicien prodige qui ne joue qu’avec le gros orteil, sur un piano
soigneusement désaccordé, les œuvres de grands compositeurs inspirées par le
thème de l’eau ; une femme qui se transforme en chien ; une statue équestre
vengeresse ; une jeune voyante en lutte avec ses rêves prémonitoires… Naviguant
à la frontière devenue incertaine entre le rêve et la réalité, les personnages
de Silvina Ocampo font surgir un monde de visions insolites et cocasses.
«De toutes les expressions qui pourraient la définir, la plus précise, je
crois, serait : elle est géniale.»
Jorge Luis Borges
Pour finir le mois de la nouvelle chez Flo, je suis retournée en Argentine
avec Silvina Ocampo.
Ici, rêve et réalité, mystère et fantaisie, se confondent. Les narrations à
la première personne accentuent le doute, laissant le lecteur aux prises avec
les apparences.
Très bien construite et fluide, Okno, l’esclave s’inscrit pleinement dans
cette démarche. Ce texte présente une réflexion sur l’art, l’identité, la mise à
distance d’une artiste face à l’agitation du monde.
"L’homme a pris une habitude tout à fait inutile ; il faut qu’il
explique tout ; peu importe que son explication soit exacte ; ce qui
importe c’est qu’il la donne et, si possible, qu’elle paraisse dans les
journaux."
L’art est également au cœur de La musique de la pluie, mais sous une forme
plus critique. L’auteure interroge le génie et le succès avec des touches d’humour.
C’est la nouvelle la plus fantaisiste du recueil.
Dans L’automobile, un mari ne comprend
pas que sa femme aime participer à des courses. Ce point de vue masculin permet
à la fois de relever des clichés sexistes et de souligner la complexité des
passions.
Ce thème est décliné dans Le Destin, mais sous l’angle de l’amour secret,
grâce au regard décalé d’une jeune fille sur le comportement de deux séducteurs.
L’ambiguïté sur l’identité est entretenue par un jeu sur la présence, les
apparences, et les prénoms. Le lecteur garde une grande liberté d’interprétation.
Les deux autres nouvelles m’ont laissé un sentiment plus mitigé. J’ai l’impression d’avoir seulement effleuré un univers plus
vaste, sensible et subtil, qu'il me reste à découvrir !
Merci pour ce billet ! J'ai déjà lu quelques nouvelles d'Ocampo lors d'un précédent mois de la nouvelle. C'est spécial mais certains textes m'avaient plu. Ce n'est pas mon style de prédilection mais je peux aimer à l'occasion et tu m'as donné envie de la relire à petites doses, pourquoi pas avec cet opuscule étant donné que, de toute façon, je ne tiens pas sur un recueil entier avec un auteur trop différent de moi.
RépondreSupprimer(j'ai noté le lien ;)
Je n'ai pas eu le temps de faire le tour des blogs pour les liens... J'ai juste regardé sur le tien et j'ai dû louper l'article :/
SupprimerSur ton nouveau blog peut-être ? :)
Je note ce recueil qui pourrait me plaire !
RépondreSupprimerEn version complète ou en extraits, au choix, je serais curieuse de lire ton avis :)
SupprimerNaïk, nous avons beaucoup à partager :-) Ce recueil, " Mémoires secrètes d'une poupée ", est l'une de mes lectures argentines que je ne suis toujours pas parvenue à chroniquer. Le reprendre...
RépondreSupprimerOui Marilyne :) Pas facile à chroniquer, non... Je pense que l'un des éléments importants est le jeu sur les apparences, décliné dans des approches différentes. C'est ce que j'ai relevé ici. Le thème de la fatalité semble aussi présent mais à quel degré ? Je n'en ai pas lu assez pour développer.
SupprimerPas sûr que cet auteur soit dans mon créneau, mais grâce à Flo, les nouvelles sont mises à l'honneur!
RépondreSupprimerOui, chacun peut venir puiser sur la liste selon ses goûts :)
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