lundi 30 juin 2014

Alexandre Dumas, La tulipe noire et Le capitaine Paul

(Publié le 22 Octobre 2008)
Alexandre Dumas, La tulipe noire, 1850. Le serpent à Plumes, collection Motifs, 2006, 375p.
Présentation de l'éditeur :
En 1672, Guillaume d'Orange prend le pouvoir en Hollande, profitant du massacre par le peuple des frères Jean et Corneille de Witt, accusés de tractations secrètes avec la France. Accusé à tort de trahison et condamné, le jeune Cornélius van Baerle (filleul de Corneille de Witt), continue de se livrer à sa passion des tulipes en essayant de créer une tulipe noire, dont la découverte sera récompensée par un prix de la société horticole de Harlem. Cet épisode tragique de la vie politique hollandaise sert de base à l'aventure de Cornélius, qui, depuis sa prison, va connaître deux histoires d'amour : l'une avec sa tulipe noire, supplantée petit à petit par celle avec Rosa, la fille de son geôlier. Extrêmement célèbre, ce remarquable ouvrage écrit en 1850 est considéré comme un récit à part dans l'œuvre de Dumas.
En effet, La tulipe noire est un récit à part, puisqu'il y ait beaucoup question de... tulipes et d'horticulture !
J'admets que ces passages ne m'ont pas toujours captivée. Malgré cela, je ne me suis pas ennuyée, car les personnages sont très attachants, comme toujours chez Dumas.
Cornélius, absorbé par sa passion, est parfois naïf, fataliste, très détaché de la tourmente politique dans laquelle il est entraîné bien malgré lui. Seule Rosa, belle figure féminine, courageuse et déterminée, parvient à le toucher réellement.
Pourtant, le personnage le plus intéressant est Boxtel, le rival de Cornélius, non dans le coeur de Rosa, mais dans l'horticulture. Boxtel donne même au roman un petit caractère de fable sur la jalousie. Cornélius et Boxtel sont des personnages proches au début du roman, mais l'amour sauve Cornélius, l'obsession perd Boxtel. Le talent du premier exaspère le second et le conduit peu à peu, par envie et frustration, à franchir toutes les limites.
"Alors, après la période d'admiration qu'il ne pouvait vaincre, il subissait la fièvre de l'envie, ce mal qui ronge la poitrine et qui change le coeur en une myriade de petits serpents qui se dévorent l'un l'autre, sources infâmes d'horribles douleurs" L'évolution de ses sentiments est, à mon avis, l'un des intérêts principaux de ce roman. Dumas la dessine avec cette force et cette vitalité qui caractérisent ses portraits. 

Le film de Christian-Jaque avec Alain Delon est inspiré par le roman, mais la fiche consacrée au livre dans la Bibliothèque de Dumas  précise que le réalisateur avait renoncé à une adaptation fidèle.

Alexandre Dumas, Le Capitaine Paul,1838. Editions de l'Aube, 2007, 260p.
Présentation de l'éditeur
Octobre 1779 : la frégate L'Indienne s'arrête en Bretagne, à Port-Louis. Déguisé, le capitaine Paul en descend. Sur le port, il rencontre Emmanuel d'Auray qui sur ordre du roi, veut lui confier le prisonnier Lusignan afin de le conduire à Cayenne. Le capitaine Paul accepte. En chemin, le bateau est attaqué par un navire anglais. C'est l'abordage mais L'Indienne en sort victorieuse. Et comme le prisonnier Lusignan a vaillamment défendu le navire, le capitaine Paul écoute son histoire...

La préface de Dumas sur la création de l'oeuvre, et écrite avec beaucoup d'humour, nous montre l'originalité de ce roman . Dumas s'est inspiré de Pilote, un roman de F. Cooper, qu'il admire et dont il enrichit l'histoire de sa propre imagination. Dumas en a d'abord écrit une pièce (en huit jours ), avant d'en faire un récit, adaptation qui influence la narration, largement constituée des dialogues de la pièce, entrecoupés d'ellipses.
Dumas écrit que "tout roman ne peut pas faire un drame, mais tout drame peut faire un roman", et il nous le prouve avec Le Capitaine Paul.
A l'image de Boxtel, la marquise d'Auray est un personnage dont la psychologie ambiguë m'a beaucoup intéressée. Soumise aux convenances, obsédée par la réputation de sa famille, elle est décidée à infliger à sa fille les sacrifices et les souffrances qu'elle a, elle-même, acceptés.
Face à elle, son fils illégitime, le capitaine Paul, est un véritable héros romantique; noble, généreux, il fera tout son possible pour assurer le bonheur de son frère et de sa soeur.
Ils se définit ainsi: "Je suis un enfant de la République de Platon, ayant le genre humain pour frère, le monde pour patrie, et ne possédant sur la terre que la place que je m'y suis faite moi-même".
Une oeuvre courte, entre théâtre et roman, qui se lit d'une traite avec beaucoup de plaisir!
Enfin, ce livre donne à la fois envie d'aller respirer l'air marin, et d'admirer des peintures de ports et de navires...
La fiche du roman dans la Bibliothèque de Dumas.
Une dernière remarque...
Lors de la première rencontre des deux frères, alors qu'ils ignorent encore leur parenté, Emmanuel d'Auray dit préférer la langue française : "c'est la langue des explications brèves et concises".
Je me demande si cette image peut se vérifier aujourd'hui...

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