(Publié le 20 Février 2009)
Yoko Ogawa, La formule préférée du
professeur, Actes Sud, 2005, 246p.
Présentation de l'éditeur
Une aide-ménagère est embauchée chez un
ancien mathématicien, un homme d'une soixantaine d'années dont la carrière a
été brutalement interrompue par un accident de voiture, catastrophe qui a
réduit l'autonomie de sa mémoire à quatre-vingts minutes. Chaque matin en
arrivant chez lui, la jeune femme doit de nouveau se présenter - le professeur
oublie son existence d'un jour à l'autre - mais c'est avec beaucoup de
patience, de gentillesse et d'attention qu'elle gagne sa confiance et, à sa
demande, lui présente son fils âgé de dix ans. Commence alors entre eux une
magnifique relation. Le petit garçon et sa mère vont non seulement partager
avec le vieil amnésique sa passion pour le base-ball, mais aussi et surtout
appréhender la magie des chiffres, comprendre le véritable enjeu des
mathématiques et découvrir la formule préférée du professeur... Un subtil roman
sur l'héritage et la filiation, une histoire à travers laquelle trois
générations se retrouvent sous le signe d'une mémoire égarée, fugitive, à
jamais offerte...
Loin de l'univers glacé de L’annulaire, le livre avec lequel j'ai
découvert l'auteure, mais à nouveau sur le thème de la mémoire, ce
roman aborde de façon originale le lien entre les générations grâce à trois
personnages, le professeur, l'aide-ménagère, et Root, son fils. "Ce sont les nombres
premiers que le professeur a aimé le plus au monde. Je connaissais leur
existence bien sûr mais l'idée ne m'avait jamais effleurée qu'ils puissent
constituer un objet d'amour."
Je me trouvais dans la position de la
narratrice et il m'était assez facile de suivre ses découvertes. Le temps d'une
lecture, je me suis prise aux petits jeux mathématiques que j'ai lus avec
beaucoup de curiosité.
J'ai surtout apprécié la façon dont
Yôko Ogawa décrit les relations qui se tissent entre les personnages. On
se rapproche d'eux doucement, au fil des pages, mais une distance
persiste, distance imposée par la maladie du professeur: une
mémoire réduite à quatre-vingts minutes. Chaque jour la narratrice et son
fils doivent à nouveau se présenter, expliquer, raconter, préciser, rappeler
certains faits, en taire d'autres. La communication reste limitée, mais
leurs relations sont mouvantes, enrichissantes, faites de gestes et de
mots simples, de beaucoup de pudeur.
On perçoit la souffrance, la
solitude et la frustration du professeur, coupé du monde, de son métier,
de sa passion. On découvre peu à peu son histoire, comme la
narratrice, et on suit ses trois personnages avec beaucoup
d'émotion.
Je connais très peu le base-ball et j'ai
moins apprécié les explications sur ce sport qui renforce le lien entre le
professeur et Root; c'est cette relation qui est réellement touchante,
et j'ai beaucoup aimé ce roman, malgré tout.
J'ai même davantage apprécié
le style clair d'Ogawa ; je le trouve plus chaleureux et poétique que dans L'annulaire.
J'ai envie de lire un autre roman de cette auteure dont l'univers est vraiment
riche et intrigant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire