(Publié le 3 Janvier 2008)
Romain Gary, Clair de femme, Folio Gallimard, 179
pages.
Ce roman raconte la rencontre entre Michel, un homme dont la
femme est atteinte d'une leucémie et vit ses dernières heures, et Yannik, une
femme dont le mari, Alain, est resté handicapé après un accident de voiture. Au
cours d'une nuit seulement, ces deux êtres partagent à la fois leur détresse
et leur vision de l'amour.
Résumé ainsi, le thème paraît des plus sombres, et sans le talent de
Romain Gary, sa subtilité, et son humour si particulier et plein d'ironie,
un tel sujet serait sûrement insupportable.
Ces "respirations" d'humour doux-amer sont apportées par Michel,
lui-même, et par les personnages qu'il croise pendant cette nuit : le señor
Galba et son numéro absurde avec un caniche rose, ou encore Sonia
Towarski, la belle-mère de Lydia, lors de l'anniversaire d'Alain, une fête
baroque aux accents russe, tzigane et yiddish.
Romain Gary évoque le couple dans deux regards qui s'opposent. Michel
affronte le deuil d'un amour fusionnel en "bâtisseur de cathédrale" qui refuse de désespérer de l'amour. "Le couple signifie un homme qui vit une
femme, une femme qui vit un homme." "Aimer est la seule richesse qui croît avec la prodigalité. Plus on
donne et plus il vous reste. J'ai vécu d'une femme et je ne sais pas comment on
peut vivre autrement."
Lydia écoute avec tendresse mais prudence ce discours où se mêlent la
souffrance et l'espoir, un rêve éveillé noyé dans l'excès d'alcool
pour échapper à la réalité. "Lorsqu'on
rencontre un tel besoin d'aimer chez un homme, on ne sait même plus si on
existe pour lui, si on est aimée, ou si on est seulement un instrument de culte."
Clair de femme est un roman
sur l'amour, magnifique et bouleversant.
Enfin, une dernière citation que j'aime beaucoup : " Si je pouvais faire rire quelques instants à
mes dépens, je me sentirais mieux : prêter à rire, il n'y a rien de plus
généreux".
Le roman a été adapté au cinéma dans un film réalisé par Costa-Gavras,
avec Romy Schneider et Yves Montand.
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