lundi 30 juin 2014

Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique

(Publié le 24 Juin 2007)
Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique, Livre de poche, traduction de Jacques Tournier
L'histoire
En 1922, Nick Carraway, le narrateur, loue une maison à  Long Island. Son mystérieux voisin, Gatsby, donne des fêtes somptueuses dans son extravagante maison de West Egg, mais la rumeur lui prête un passé d'arriviste, voire de criminel. Nick se lie d'amitié avec Gatsby et découvre que cette vie fastueuse masque le désir de Gatsby de reconquérir Daisy, la cousine de Nick et femme du millionnaire Tom Buchanan.

Voici un roman que je voulais lire depuis très longtemps. Le lecteur suit la narration de Nick Carraway et devient un spectateur complice. Les lieux et  les ambiances sont retranscrits dans des descriptions équilibrées, aux détails  jamais lassants. Fitzgerald suggère et le lecteur devine. On apprécie  les ellipses subtiles de Fitzgerald pour éviter la censure (crainte évoquée dans la correspondance entre l'auteur et son éditeur, présentée à la fin du roman). Pour démarquer ce livre de ces précédents romans, Fitzgerald précise, dans l'une de ses lettres, qu'il souhaite éviter: "les phrases du genre : "un tableau de la vie à New York" ou "de la société moderne" même si, étant donné que c'est exactement de quoi il retourne dans le livre, ce sont des phrases difficiles à éviter".
Mais Gatsby le magnifique est aussi un drame sur l'amour, l'amitié, la solitude, la futilité, l'abandon. Gatsby apparaît vite comme un personnage fascinant, puis touchant. Les autres personnages, le sont tout autant. Daisy, confrontée au choix entre un mari qui la trompe et  son ancien amour ;  Nick, la narrateur, plus enclin à rester dans le rôle de confident qu'à intégrer cette société mondaine.
Outre la narration originale, le style se modèle sur l'intrigue : poétique et fluide dans les descriptions, rapide et rythmé sur les dialogues.
Daisy  "C'était l'une de ces voix dont l'oreille épouse chaque modulation, car elles improvisent de phrase en phrase une suite d'accords de hasard que personne jamais ne rejouera plus".
Gatsby "Il reculait un peu plus chaque nuit la frontière de ses chimères, en attendant que le sommeil, par une étreinte sans mémoire, interrompe une scène éblouissante. Ces fantasmes ont servi un temps d'exutoire à son imagination. Ils faisaient contrepoids à l'irréalité de la réalité, lui laissant croire que ce caillou qu'est notre terre reposait en sécurité sur les ailes d'une fée."

Gatsby le Magnifique, le film, de Jack Clayton, scénario de Francis Ford Coppola, avec Robert Redford (Gatsby) Mia Farrow (Daisy), Sam Waterston (Nick), 1974. Ce film est une fidèle adaptation du roman, et il est porté par les interprétations de Robert Redford et Mia Farrow. L'esthétique est travaillée (plans, jeux de lumières...),  les décors et les costumes  sont très soignés. On découvre ainsi de beaux moments (les fêtes de Gatsby, par exemple), mais la réalisation reste le plus souvent trop lente... à moins tout simplement que ce film, marqué par son époque (les années 70) n'est tout simplement "mal vieilli"...  le roman reste difficile à adapter. 

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