lundi 30 juin 2014

Romain Gary, L'orage

(Publié le 8 Juillet 2009)
Romain Gary, L'orage, éditions de L'Herne, 2005. Le livre de poche, 2009, 158p.
Présentation de l'éditeur

Ce recueil réunit des nouvelles écrites par Romain Gary entre 1935 et 1967, depuis lors introuvables car éparpillées dans diverses revues aujourd'hui disparues : " L'Orage " (1935), " Une petite femme " (1935), " Géographie humaine " (1943), " Sergent Gnama " (1946), " Dix ans après ou la plus vieille histoire du monde " (1967), ainsi que " Le Grec " et " A bout de souffle " (1970) restées à ce jour inédites. Ces textes contiennent déjà en germe l'obsession de Romain Gary pour les thèmes du dédoublement, de la fuite et du suicide, qui poursuivront l'écrivain jusqu'à la fin de sa vie.



L'orage réunit des nouvelles et deux débuts de romans, traduits de l'anglais, deux textes riches mais inachevés, hélas. C'est assez difficile de parler  de nouvelles si variées, écrites sur une longue période. Je pense que ce recueil posthume est surtout intéressant dans une approche générale de l'oeuvre de Gary. J'ai lu une dizaine de ses romans, mais je n'entrerai pas un débat Gary/Ajar (j'apprécie les deux) et je reprendrai sans doute ce livre lorsque j'en aurai lu davantage.
Ici, on retrouve à la fois le style de Gary et celui de Gary/Ajar. Dans quatre textes, Gary évoque la guerre et son passé dans l'aviation. Il s'agit de courtes nouvelles, sombres, d'une écriture sobre et pudique, qui prennent la forme d'un hommage à ses compagnons disparus.
"A bout de souffle", début de roman,  est le texte le plus troublant du recueil. A la première personne, dans un style à la fois drôle et grinçant, Gary raconte les dernières heures d'un homme qui a décidé de mourir. Ce texte peut  être lu comme une nouvelle ; Gary donne suffisamment de détails sur le personnage principal et la fin peut s'assimiler à une chute.
En revanche, "Le Grec", dont l'action se déroule sous la dictature des Colonels, est un véritable début de roman qui se termine de façon brutale, et  il est regrettable que Gary l'ait abandonné.
Les thèmes de l'amour et de la mort sont très présents dans ce recueil et on retrouve des interrogations communes à d'autres personnages de Gary:
"Il est tout à fait possible que l'homme soit un concept romantique et poétique, une création artistique qui ne supporte pas d'être confronté à la réalité". (A bout de souffle)
"Toutes les fois qu'un imbécile lui demandait "Tu fais quoi dans la vie, le môme?", il savait qu'il était temps de déguerpir, et sans traîner. C'est une drôle de question, d'ailleurs, tu fais quoi dans la vie? Vous l'a-t-on déjà posée? C'est une question qui vous donne la réelle impression que le seul fait de vivre ne suffit pas; elle met la vie en minorité si l'on peut dire, elle la relègue au deuxième rang, comme si ce n'était pas assez d'être vivant, comme s'il fallait encore payer un tribut." (Le Grec)
A découvrir par curiosité, pour les lecteurs qui ont déjà lu Gary.

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