(Publié le 7 Février 2008)
Henry James, Le tour d'écrou, 1898, 155p.
Raconté une veille de Noël au coin du feu, et présenté comme une
histoire "vécue", Le tour d'écrou est le récit d'une jeune
gouvernante, employée par un gentleman, élégant mais un peu mystérieux, pour
s'occuper de ses neveux, Flora et Miles dans le manoir familial de Bly. La
gouvernante tombe aussitôt sous le charme de ses orphelins, deux anges,
adorables et studieux. Mais le renvoi de Miles de son école, puis les
apparitions de deux personnages dans ce décor à la fois superbe et inquiétant,
troublent la jeune gouvernante, qui soupçonne bientôt une influence néfaste sur
les enfants.
Je continue à (re)découvrir l'œuvre d'Henry James, avec l'une de ses
plus célèbres nouvelles, une référence dans ce genre fantastique. J'ai retrouvé
ce talent d'Henry James pour confondre son lecteur et le plonger dans une
ambiance étrange où, à l'instar de la gouvernante, il en vient à douter de
ses sens. Véritable histoire de fantômes ou hallucinations ? Je n'en dis pas
plus, car chacun peut choisir son interprétation (je vous conseillerais
même de lire la préface après avoir terminé la nouvelle).
La forme du récit piège encore davantage le lecteur, qui ressent
toutes les émotions de la narratrice, ses interrogations et ses angoisses.
Henry James les imprime dans son style par l'alternance et l'opposition
des rythmes, et par des contrastes dans les expressions des différents
personnages, en particulier celles des enfants.
On peut être tenté de faire un parallèle avec les nouvelles
fantastiques de Maupassant, car il s'agit dans les deux cas de la description
de ces instants où la réalité et l'imagination se mêlent, jusqu'à
l'impossibilité de distinguer l'une de l'autre, jusqu'à
la frontière du surnaturel. Mais la démarche me paraît malgré tout
différente. Chez Maupassant, ces instants sont dictés par une atmosphère qui
trouble la perception des sens (la peur, l'angoisse...) Chez James, ce passage
est directement lié à la psychologie du personnage, à ses fantasmes.
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