lundi 30 juin 2014

Henry James, Le tour d'écrou

(Publié le 7 Février 2008)
Henry James, Le tour d'écrou, 1898, 155p.
Raconté une veille de Noël au coin du feu, et présenté comme une histoire "vécue", Le tour d'écrou est le récit d'une jeune gouvernante, employée par un gentleman, élégant mais un peu mystérieux, pour s'occuper de ses neveux, Flora et Miles dans le manoir familial de Bly. La gouvernante tombe aussitôt sous le charme de ses orphelins, deux anges,  adorables et studieux. Mais le renvoi de Miles de son école, puis les apparitions de deux personnages dans ce décor à la fois superbe et inquiétant, troublent la jeune gouvernante, qui soupçonne bientôt une influence néfaste sur les enfants.

Je continue à (re)découvrir l'œuvre d'Henry James, avec l'une de ses plus célèbres nouvelles, une référence dans ce genre fantastique. J'ai retrouvé ce talent d'Henry James pour confondre son lecteur et le plonger dans une ambiance étrange où, à l'instar de la gouvernante, il en vient à douter de ses sens. Véritable histoire de fantômes ou hallucinations ? Je n'en dis pas plus, car chacun peut choisir son interprétation (je vous conseillerais même de lire la préface après avoir terminé la nouvelle).
La forme du récit piège encore davantage le lecteur, qui ressent toutes les émotions de la narratrice, ses interrogations et ses angoisses. Henry James les imprime dans son style par l'alternance et l'opposition des rythmes, et par des contrastes dans les expressions des différents personnages, en particulier celles des enfants.

On peut être tenté de faire un parallèle avec les nouvelles fantastiques de Maupassant, car il s'agit dans les deux cas de la description de ces instants où la réalité et l'imagination se mêlent, jusqu'à l'impossibilité de distinguer l'une de l'autre, jusqu'à la frontière du surnaturel. Mais la démarche me paraît malgré tout différente. Chez Maupassant, ces instants sont dictés par une atmosphère qui trouble la perception des sens (la peur, l'angoisse...) Chez James, ce passage est directement lié à la psychologie du personnage, à ses fantasmes. 

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