lundi 30 juin 2014

Emile Gaboriau, Dossier 113

(Publié le 12 Avril 2007)
Émile Gaboriau, Dossier 113, 1867, Editions du Masque, 2003, 476p.
Le début...
Un vol est commis dans la banque Fauvel, rue de Provence à Paris : 350 000 francs sont dérobés dans le coffre. Or, deux personnes seulement détenaient le code et la clé pour ouvrir ce coffre : André Fauvel, le banquier, et Prosper Bertomy, l'employé. Les soupçons se portent naturellement sur le caissier principal, qui est alors arrêté, mais l'inspecteur Fanferlot, dit l'Ecureuil, décide de poursuivre l'enquête. Il fait appel à Monsieur Lecoq, l'homme de la surêté, un policier à l'intelligence redoutable qui use habilement de déguisements divers dans ses enquêtes. Sous l'apparence de M. Verduret, il décide d'aider Bertomy à dévoiler ce mystère.

Dans ce roman, on retrouve les mêmes techniques du « roman judiciaire » de Gaboriau : le policier intelligent, Lecoq, les indices, l'enquête qui entraîne le lecteur dans le passé des protagonistes.
Le style a pourtant déjà évolué vers plus de sobriété et le rythme est plus rapide (une contrainte peut-être due, en partie, à l'exigence du format presse depuis le succès de L'affaire Lerouge). Mais Émile Gaboriau s'attache toujours autant à donner au lecteur les détails qui lui permettent de suivre l'enquête, de s'interroger, de formuler des hypothèses. Même si, aujourd'hui (habitués que nous sommes à une multitude de rebondissements dans le genre policier), le Dossier 113 peut paraître un peu linéaire pour certains, il ménage toutefois quelques surprises.
Loin de la police scientifique, les indices matériels ne sont pas négligés pour autant : une rayure sur le coffre et des traces de peinture jouent un rôle important. L'intrigue se noue, là encore, dans les drames familiaux. Or, l'auteur nous donne son explication par la voix de Lecoq (p.419) :  "On ne voit au grand jour de la Gazette des Tribunaux que les mélodrames sanglants de la vie, et les acteurs, d'immondes scélérats, sont lâches comme le couteau ou bêtes comme le poison qu'ils emploient. C'est dans l'ombre des familles, souvent à l'abri du code que s'agite le drame vrai, le drame poignant de notre époque ; les traîtres y ont des gants, les coquins s'y drapent de considération, et les victimes meurent désespérées, le sourire aux lèvres... "
Ainsi, aux crimes sensationnels qui défrayent la chronique à son époque (crimes passionnels, vols suivis de violences impulsives ou encore, toutes les atteintes à l'enfance...) Émile Gaboriau préfère ceux qui masquent une réalité plus quotidienne et diffuse. Dans L'affaire Lerouge et Dossier 113, il choisit des criminels sournois qui se jouent des lois pour servir leur ambition ou leur avidité. Il faut bien reconnaître que de tels personnages offrent aux romanciers de nombreuses pistes à explorer !

La Gazette des tribunaux n'est pas le journal qui tente le plus d'accentuer le mélodrame (j'ai eu l'occasion d'étudier ce journal judiciaire pour ma maîtrise sur l'avortement) ; mais en 1867, l'intérêt des lecteurs pour les crimes sanglants se fait de plus en plus vif.

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